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L’instrumentalisation politique de l’accord de décembre 1968, déjà vidé de sa substance.

Voyons d’abord la portée juridique de cet accord franco-algérien du 27 décembre 1968 :

« Le Conseil d’État français a reconnu que l’accord du 27/12/1968 constitue un accord international en vigueur, qui prime sur le droit interne dans les domaines qu’il couvre. Il n’est donc pas « assujetti » au sens strict aux Accords d’Évian, mais il en est issu politiquement et historiquement, et en prolonge l’esprit. »

 Autrement dit, sa dénonciation nécessite l’accord préalable des deux parties, au risque de mettre en cause certaines clauses des accords d’Évian de 1962 dont il est assujetti, qui seraient en défaveur de la France. C’est le cas de la dispense de poursuites pour des crimes de guerre en Algérie et de l’indemnisation des personnes et des biens en raison de la guerre.

L’accord de décembre 1968 offrait aux Algériens un régime spécifique qui leur facilite principalement l’entrée en France, une procédure plus souple pour le regroupement familial et des droits sociaux et économiques aux Algériens résidant en France, entre autres :

Or, cet accord a été amendé par des lois qui l’ont rendu caduc. En effet, l’instauration, depuis le 11 octobre 1986, d’un visa obligatoire pour les Algériens ne permet plus à un ressortissant algérien de venir en France pour s’y installer ni en visite touristique pour une courte durée. En effet, l’arrivée des Algériens est verrouillée par l’octroi préalable d’un visa qui abolit, de manière détournée, les avantages concédés aux Algériens. En vérité, pour se rendre en France, un Algérien doit obtenir un visa auprès de l’ambassadeur de France en Algérie. Ce dernier relève des décisions des autorités consulaires et évolue en fonction de l’atmosphère politique entre les deux pays. Il accorde plus de visas à d’autres ressortissants de la région (comme les Marocains et les Tunisiens) qu’aux Algériens.

a) – L’accueil en France :

Statistiquement, les titres de séjour accordés par pays du Maghreb pour les années 2023,2024 et 2025 sont les suivantes :

Année :     2023       2024      2025         TOTAL :      %

Algérie :   35.000    37000    38.000        110.000      38,46 %

Maroc :    38.000  40.000  41.000       119.000     41,61 %

Tunisie :    18.000    19.000    20.000        57.000      19,93 %

La moyenne annuelle des visas délivrés durant ces trois dernières années est :  Algérie = 240031, Maroc = 271341, Tunisie = 103231

b) – Le regroupement familial :

Voici la répartition des regroupements familiaux accordés par pays du Maghreb :

Année :      2023           2024             2025              TOTAL     %

Algérie     11.000        12.000          12.500             35.500      36,00 %

Maroc        13.000        13.500         14.000            40.500      41,10 %

Tunisie        7.000          7.500            8.000            22.500     22,84 %

À l’évidence, les Algériens présumés favoriser par l’accord de 1968 qui leur confère un statut spécifique, sont en réalité ceux qui obtiennent le moins de cartes de séjour, le moins de visas et le moins de regroupement familial comparés au Maroc et la Tunisie régit par le régime général de droit commun de l’immigration, surtout, proportionnellement aux populations de chaque pays (Algérie = 46,7 millions, Maroc = 38,1 millions, Tunisie = 12 millions).

Conséquences : Bien que les accords de 1968 accordaient la libre circulation des Algériens, ces derniers sont, depuis la loi du 11 octobre 1986, soumis au même régime que les autres états de la région, il leur faut un visa délivré par minutie par l’ambassade de France en Algérie. Un Algérien ne peut donc plus débarquer librement en France sans un visa et s’y installer.

c-) les droits sociaux et économiques :

Cet aspect porte surtout sur une convention bilatérale pour la prise en charge par la Sécurité sociale française des soins des Algériens en France et de la retraite, et celle de la caisse de sécurité sociale algérienne pour la prise en a charge des Français et affiliés à la caisse de sécurité sociale pour leurs soins en Algérie. En résumé, la caisse française prenait en charge les soins des ressortissants algériens en France, et la caisse algérienne celles des ressortissants français et affiliés en Algérie.

1-) prise en charge des malades :

Les Algériens malades pris en charge en France sont des salariés algériens affiliés à la caisse de sécurité algérienne qui les envoie pour des soins en France. Ils disposent d’un document de prise en charge à présenter à l’hôpital ; les frais sont alors comptabilisés dans les comptes de réciprocités entre la caisse de sécurité algérienne et la caisse de sécurité française.

Les malades français travaillant en Algérie, les Franco-Algériens et autres affiliés à la caisse de sécurité française qui sont soignés en Algérie, leurs frais de soins sont également comptabilisés dans les comptes de réciprocités selon la convention entre la caisse française et la caisse algérienne.

Malgré les brouhahas de certains politiciens évoquant le non-paiement des frais de soins d’Algériens en France à hauteur de 100 millions d’euros, il s’avère, et le rapporteur de l’étude parlementaire le cite clairement, les comptes de réciprocités infirment cette thèse, à savoir :

La caisse algérienne doit effectivement 102 millions € à la caisse française

Mais, la caisse française doit, quant à elle, 400 millions € à la caisse algérienne, soit un solde en faveur de l’Algérie de 298 millions € et non pas le contraire.

2-) les retraites et l’ASPA (Assistance Sociale des Personnes Agées) :

Le rapporteur du parlement cite l’exemple de cas où un Algérien a travaillé 20 ans en Algérie et 20 ans en France, mais que la caisse de retraite algérienne ne verse pas sa part de retraite, ce qui engendre un versement de l’ASPA aux retraités algériens.

Selon la thèse du rapporteur parlementaire, l’adhésion à une caisse de retraite est obligatoire en Algérie, tout comme les salaires dans une certaine mesure. Pourtant, seuls 60 % (*) des travailleurs algériens sont affiliés à ces caisses de retraite, et leur salaire converti en euros est en moyenne cinq fois et demie inférieur au salaire français.

*À noter qu’il y a une catégorie importante d’Algériens venus travailler en France qui n’ont pas forcément cotisé à une caisse de retraite en Algérie, bien que l’affiliation à la retraite soit obligatoire. On estime que seuls 60% des salariés en Algérie sont affiliés aux caisses de retraite, ceux qui doivent cotiser volontairement à une caisse de retraite ou les travailleurs dans le secteur informel ne sont pas forcément affiliés.

Reprenons son exemple :

Un salarié français ou algérien vivant en France ayant reçu un salaire annuel de 20 000 € pendant 80 trimestres (20 ans) recevra une pension mensuelle de retraite du régime général calculée comme suit : 20 000 € X 37,5 % X 80/172 = 3488,37 € par an, soit 290,69 € par mois. Après déduction de 10 % pour les impôts et la CSG, il percevra 261,62 € net par mois, un montant inférieur au minimum vieillesse (1034,28 €). Par conséquent, le retraité français ou algérien recevra un supplément de l’ASPA de 772,66 €.

Toutefois, le salarié algérien doit résider en France et détenir un titre de séjour l’autorisant à travailler pendant au moins dix ans pour avoir droit à l’ASPA. Si jamais il repart s’installer en Algérie, il ne percevra pas l’ASPA, mais seulement le montant mensuel de sa retraite, soit 261,62 €. S’il a cotisé à la caisse de retraite en Algérie avant de venir en France, elle lui payera également une retraite proportionnelle aux années travaillées en Algérie.

3-) Les étudiants algériens en France (1)

Au contraire du régime général pour les étudiants étrangers en France qui leur accorde des avantages, l’accord franco-algérien les réduits :

L’accord de 1968 présente des limitations pour les étudiants algériens par rapport au régime général appliqué aux autres étudiants étrangers :

  • Les étudiants étrangers peuvent travailler jusqu’à 964 heures par an (soit 20h/semaine) sans autorisation spécifique alors que les étudiants algériens doivent obtenir une autorisation provisoire de travail (APT), ce qui complique l’accès à l’emploi étudiant.
  • Les étudiants étrangers peuvent demander un changement de statut vers salarié ou entrepreneur plus facilement pour rester en France, le changement de statut pour les étudiants algériens est plus restrictif et moins souple que celui des étudiants étrangers, notamment pour les jeunes diplômés algériens souhaitant rester en France.

Les aides au logement (APL) sont accordées en général à tous les étudiants, y compris les étudiants étrangers (en moyenne 200€ pour ceux qui remplissent les conditions de revenu), elles sont prises en charge par la Caisse d’Allocations familiales.

Cependant, exceptionnellement, l’Algérie affecte chaque année les montants d’aides au développement qu’elle reçoit de la France pour, d’une part, financer les écoles de l’Institut français en Algérie et le reste pour financer celui de ses étudiants en France.

Les cas évoqués indépendamment des accords de décembre 1968 :

  • Le cas des retraités résidents en Algérie qui ne déclarent pas leur décès et continuent, de fait, à percevoir leur retraite par des tiers.

C’est un cas récurrent pour un grand nombre de retraités d’autres pays, y compris des pays européens, et se focaliser uniquement sur les retraités algériens relève d’une instrumentalisation pernicieuse.

En effet, les retraités qui résident dans les pays suivants font face aux mêmes enjeux : Maroc, Tunisie, Espagne, Portugal, Turquie et bien d’autres pays sont concernés par ce phénomène que les autorités françaises envisagent de mettre un mécanisme pour l’enrayer.

  • Un autre cas qui ne cesse d’alimenter les polémiques, le cas des OQTF :

L’ensemble des OQTF en France est :

137 730 OQTF prononcées en 2023 et 11.722 renvois forcés ont été réalisées, soit un taux d’exécution de 6,9%

140 000 OQTF prononcées en 2024 et 20.000 renvois forcés ont été réalisés soit, soit un taux d’exécution de 14,28%

Nota : Les données de 2025 sont en cours, mais les tendances resteront sensiblement similaires.

Concernant les Algériens :

+- 25000 OQTF prononcées en 2023 et 2962 renvois forcés ont été réalisés, soit un taux de 11,85%, supérieur à la moyenne nationale de 6,9% pour l’année considérée

+- 25 000 OQTF prononcées en 2024 et 2999 renvois forcés ont été réalisés, soit un taux de 12 %, taux inférieur à la moyenne nationale de 14,28 % pour l’année considérée (*).

L’Algérie a été, proportionnellement au nombre d’OQTF, parfois mieux à reprendre ses OQTF que la dizaine d’autres pays, et pourtant, à entendre médias et politiciens, elle serait carrément réfractaire, voire opposée à la reprise de ses ressortissants.

*L’arbitraire entourant la situation de deux OQTF algériennes, qui ont été renvoyées par l’Algérie vers la France après qu’elle a constaté que les procédures légales n’avaient pas été respectées, a considérablement réduit la collaboration franco-algérienne sur cette question. Non seulement l’Algérie a contesté ces procédures purement politiciennes, mais les juges français, chargés de l’arbitrage, lui ont donné raison.

  • Pour finir et contrecarrer ceux qui crient aux dépenses en faveur des Algériens et jamais des recettes qui favorisent les budgets de la France, je prends, entre-autre exemple, le cas des médecins algériens dans les hôpitaux de France :

26000 médecins étrangers travaillent dans les hôpitaux français pour compenser le manque de médecins français. Parmi les 19 154 médecins d’entre eux sont des diplômés hors de l’Union européenne et bénéficient de régimes salariaux particuliers, c’est-à-dire qu’ils sont payés au tarif fixe de 1400 € par mois pendant une période de 3 à 5 ans.

Parmi eux, 16.000 médecins et professeurs algériens, formés dans les universités algériennes et ayant pratiqué au moins cinq années d’exercice de leur métier avant de venir en France.

Une étude financière nous éclaire sur les importants revenus engrangés par la France pour ce seul secteur, sans qu’il ne soit fait cas par aucun politicien ni média :

  1. Le cursus de la formation d’un médecin en France coute 200.000€. Un médecin algérien ne coute aucune charge de formation, soit un bénéfice de 200.000€ par médecin employé dans les hôpitaux français.
  2. Un médecin algérien est payé en moyenne 1400€ par mois, soit : 16.800€ par an pendant trois à quatre ans contre le salaire d’un médecin français estimé en moyenne à 6100€/mois, soit : 73.200€

Pour les 16 000 médecins algériens seulement, les couts (salaires et études) représentent des gains importants qui réduisent considérablement les couts réels. Si les médecins français assuraient ces prestations en lieu et place des médecins algériens, ces couts seraient nettement plus élevés.

16.000 x 200.000€ (frais de formation)          – 3,29 milliards €

16.000 salaires (73 200 € – 16 800 €) X 3 ans  – 2,71 milliards €

Soit un bénéfice en faveur des caisses françaises :  6 milliards €

Med Kamel Yahiaoui, Ecrivain Essayiste

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Paix à Gaza, la ratatouille de Donald TRUMP

Il y a un peu plus de trente ans, les accords d’Oslo, signés sous l’égide des États-Unis en 1993 par Arafat et Yitzhak Rabin devaient déboucher, comme il est préconisé aujourd’hui, à une paix et l’hypothèse d’un État palestinien à terme à côté de l’État d’Israël.

Les accords prévoyaient une autonomie de l’autorité palestinienne, pour qu’à l’issue d’une période de cinq années, soient mises en œuvre les résolutions de l’ONU pour la création d’un État palestinien.

C’était un leurre qui prolongea non seulement le sort critique des Palestiniens et l’occupation progressive de leur territoire, mais a valu aussi la mort de ses deux signataires : Yitzhak Rabin, assassiné par un Israélien d’extrême droite, et Yasser ARAFAT, présumé empoisonné par je ne sais qui.

L’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 contre Israël, aussi mystérieuse que l’attaque du 11 septembre 2001 contre les Tours du World Trade Center aux États-Unis selon les dires de certains observateurs, a pris une tournure macabre pour les deux parties, à des degrés divers. Le point culminant de ces dramatiques évènements a, sans conteste, été l’objectif caché depuis la fondation de l’État d’Israël en 1948 : la réalisation des prophéties messianiques du peuple juif. Cet objectif consistait à créer un grand Israël s’étendant sur des terres censément données par Dieu et incluant la Palestine et certaines parties de l’Égypte, de la Jordanie, du Liban, de l’Irak, de la Syrie et de l’Arabie Saoudite.

La plupart des autorités religieuses juives ne cessent d’ailleurs de le proclamer. De plus, une grande majorité de la population juive, sensibilisée aux déclarations des Ravs et Rabbins, se déclare plutôt favorable à cette idée, à tout le moins pour la partie palestinienne. Pire, les autorités gouvernementales elles-mêmes ne cachent plus leur intention de faire de ce rite ancestral une réalité.

À cela s’ajoute évidemment le désir des États-Unis d’Amérique de faire d’Israël le gendarme du Moyen-Orient. Cela leur permettrait de sécuriser la région et ses assujettis, les royaumes arabes, et de retirer leurs armées et leurs équipements militaires de la région. Cela est d’autant plus possible qu’ils ne sont plus tributaires des ressources pétrolières du Golfe persique, étant devenus eux-mêmes autonomes grâce aux hydrocarbures du schiste.

Cela dit, quel est réellement le rapport avec les futurs accords de paix israélo-palestiniens que préconise Donald TRUMP, hormis la perspective de libérer les otages israéliens restants et de procéder à un échange de prisonniers.

À vrai dire, le leurre d’un hypothétique État palestinien n’a pas changé, les promesses de sa création ne seront probablement pas tenues. Mais l’insaisissable TRUMP a élaboré un stratagème conformément à ce qu’il a toujours voulu faire avec la bande de Gaza en particulier et avec le territoire palestinien en général.

Premièrement, les personnes chargées de mener ce processus sont choisies ; on y retrouve son gendre Jared KUSHNER et Steve Witkoff, son négociateur, qui sont tous deux des amis de Netanyahou et qui partagent également une origine juive commune avec lui. Jared KHUSNER, qui n’est autre que le mari de la fille de TRUMP a été l’initiateur des accords d’Abraham en 2020 avec les états arabes (Bahreïn, les émirats, le Maroc et le soudan) en les persuadant que jusqu’à 15 milliards de dollars pourrait être mobilisé pour des projets économiques en Cisjordanie et à Gaza, dans le cadre d’un plan de paix plus large, le fameux “Peace to Prosperity”, mais cette proposition n’a finalement pas été incluse dans les accords et encore moins réalisée.

Jared Kushner est aussi un promoteur immobilier comme Donald TRUMP, il a, après les accords d’Abraham, créé un club d’investissements qui récolte à ses débuts pas moins de 2 milliards et demi, financé par deux négociateurs arabes autour du projet de Trump (l’Arabie Saoudite et le Qatar).

Un autre légume pour compléter la recette de la ratatouille TRUMPienne, l’ancien premier ministre anglais Tony Blair, que Netanyahou doit apprécier, car il a été dans toutes les combines des guerres contre les Arabes fomentées par les États-Unis, et particulièrement celle contre l’Irak. On raconte même qu’il était à l’origine de la fiole de Colin Powell pour justifier injustement les armes de destruction massive de Saddam. Tony Blair s’est lui aussi recyclé dans le conseil en investissements grâce à un carnet d’adresses recueilli du temps où il était aux affaires politiques.

Au final, tous les ingrédients sont réunis pour faire de Gaza une Riviera autrement nommée, et un blanc-seing à Nétanyahou pour continuer ses basses besognes, quitte à les suspendre momentanément.

Un plan de paix qui ressemble étrangement à un rassemblement d’hommes d’affaires.

Edito : Massine TACIR, Écrivain Essayiste

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Le livre « FRANCE – ALGÉRIE, une guerre sans fin » est maintenant disponible

FRANCE – ALGERIE, la guerre sans fin, de la colonie aux guerres diplomatiques

Préface :

L’histoire de l’Algérie et de la France est un entrelacs complexe de passions, de blessures et d’ambitions, où les mémoires s’entrechoquent avec une intensité rare. Ce livre plonge au cœur de cette relation tumultueuse, explorant non seulement les événements qui ont façonné les deux nations de 1830 à nos jours, mais aussi les récits, les silences et les instrumentalisations qui continuent de modeler leur présent. Des tragédies humaines des Algériens, des pieds-noirs et des harkis aux luttes géopolitiques et économiques modernes, en passant par les combats diplomatiques, les instrumentalisations politiques de l’Algérie, son histoire mémorielle et les récits tronqués de la colonisation, chaque chapitre dévoile une facette d’un puzzle historique et politique aussi captivant qu’épineux. Cette œuvre n’est pas une simple chronique ; elle est une invitation à comprendre les dynamiques profondes qui lient l’Algérie et la France, souvent au-delà des discours officiels. Elle interroge le poids des mémoires collectives, la manipulation des récits historiques à des fins politiques, et les tensions qui émergent lorsque passé et présent se rencontrent sur la scène des relations franco-algérienne. De l’instrumentalisation politique aux récentes polémiques autour des conflits diplomatiques, des visas, des OQTF, des influenceurs ou des écrivains comme Boualem Sansal et Kamel Daoud, ce livre met en lumière les enjeux humains, économiques et diplomatiques qui continuent de nourrir débats et passions. En explorant ces thèmes, nous ne cherchons pas à juger, mais à éclairer. À travers une analyse rigoureuse et nuancée, ce livre s’adresse à ceux qui souhaitent décrypter les complexités d’une relation bilatérale unique, marquée par des héritages douloureux, mais aussi par des aspirations communes. Que vous soyez historien, citoyen engagé ou simple curieux, ces pages vous offriront une plongée dans un dialogue inachevé, où l’histoire ne cesse de se réécrire sous nos yeux.

Vous pouvez lire un extrait gratuit du livre en cliquant sur le lien ci-dessous ( vos commentaires seront appréciables) :

https://www.dzbiblio.com/une_guerre_sans_fin

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Guerre d’Algérie, des Harkis et collabos malgré eux

Reste le sort des «chairs à canon» que furent les harkis, ces civils enrôlés sous la contrainte de ladministration ou de larmée française, comme la plupart des démunis autochtones à la recherche de quoi nourrir leurs enfants.

Ils sont loin d’être des fidèles à la France, à l’exception de la minorité d’engagés volontaires qui le faisaient par tradition militaire, comme leurs parents-soldats pendant la première et la deuxième guerre mondiale dans les rangs de l’armée coloniale française. On compte aussi parmi eux les familles condamnées pour trahison par le FLN qui trouvèrent refuge sous le drapeau français, ou encore les engagés volontaires qui cherchaient le prestige de l’uniforme militaire et le pouvoir qui s’y attache pour hausser leur nombril.

Et les collaborateurs contraints, ces indigènes des campagnes laissés sur leur lieu de vie, l’armée a eu la sournoise idée de leur distribuer des fusils pour combattre leurs frères révolutionnaires de la région. Le résultat était moins probant qu’espéré. Quelques-uns ont rejoint la résistance avec les armes qu’on leur a remises, tandis que les autres, traités de traitres, ont été exécutés ou ont trouvé refuge dans les casernes militaires voisines.

Le sort de ces harkis et autres présumés collabos a été d’autant plus dramatiques : leurs pairs les ont traités de «traitres», les Français les ont abandonnés et livréà la vindicte populaire, jetés après usage comme des mouchoirs jetables.

Pour ceux qui ont réussi à traverser la Méditerranée, l’accueil en France s’est fait à contrecœur, et ils se sont retrouvés parqués dans des camps, loin des Français de souche, pour lesquels ils avaient combattu leur propre peuple d’origine.

On oublie trop souvent de mentionner que, parmi ces fameux harkis et collaborateurs (1), une quantité non négligeable ont, dans un double rôle, rendu d’importants services à la révolution algérienne, en facilitant par exemple le passage de médicaments, d’armes, l’argent des cotisations et même de membres actifs du FLN/ALN d’un lieu à un autre.

Il y a eu également de nombreux harkis qui avaient déserté, en groupe ou individuellement, en emportant armes et bagages pour rejoindre le maquis et incorporés donc les rangs de l’armée de libération nationale.

L’un des déserteurs les plus célèbres était le jeune militaire Ali KHODJA, surnommé ainsi par ses camarades de l’ALN. C’est lui qui a organisé l’évènement militaire le plus marquant de l’histoire de la guerre d’Algérie : la fameuse embuscade de PALESTRO, dans les montagnes de Kabylie, en mai 1956. Cette embuscade s’est soldée par la mort de 19 soldats français et a hanté les rangs de l’armée française pendant de nombreuses années, à cause de sa cruauté.

  • Extrait de mon livre «Le petit fellagha»édition2019, disponible dans les librairies en ligne et classiques en France.

Ceux parmi eux qui ont servi dans l’armée française et qui ont réussis à rejoindre la France, ce sont réfugiés dans une sorte d’amnésie, tout comme les appelés du contingent. Les atrocités auxquelles ils ont assisté en Algérie sont difficilement racontables par ceux qui les ont faits ou vus le faire, le plus souvent involontairement et sous la contrainte de la sacro-sainte devise militaire « les militaires doivent obéissance aux ordres de leurs supérieurs »

En prime, les harkis subissent un cas de conscience supplémentaire qui s’ajoute à leur désarroi, celui d’avoir trahi ses frères algériens, bien que, comme il a été cité plus haut, la majorité parmi eux a été embrigadée involontairement et parfois sous la contrainte.

Aujourd’hui encore, le terme « harki » est devenu synonyme de « traite », une rengaine qui s’atténue certes en Algérie, mais reste encore vivace.

Le sort des enfants et petits-enfants des harkis, ces sacrifiés de la guerre d’Algérie, subissent, par ricochet, la déconsidération de leurs parents comme s’ils étaient responsables des tragiques mésaventures de leurs ascendants.

Certains s’insurgent contre cette sévérité de jugement, jusqu’à bannir leur origine algérienne et renier cet héritage. D’autres, plus conciliants, veulent perpétuer cette identité ancestrale et l’adapter à leur double culture franco-algérienne, en attendant une amnistie pour arborer eux aussi le drapeau algérien dans une main et le drapeau français dans l’autre. Ils espèrent qu’un jour, l’Algérie lancera un appel à ces enfants en perte d’identité en leur disant : « Venez, l’Algérie, le pays de vos ancêtres vous attend. Vous n’êtes pas responsables des égarements de vos parents. »

Extrait du Livre  » L’Algérie règle ses comptes avec la France » par Med Kamel Yahiaoui

https://librairie.bod.fr/lalgerie-regle-ses-comptes-avec-la-france-med-kamel-yahiaoui-9782322634897

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ALGÉRIE, MAROC, SAHARA OCCIDENTAL

Irrédentisme et falsification de l’histoire

Le difficile équilibre de la France entre l’Algérie et le Maroc

Les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France c’est 11 milliards €/an, et 13,4 milliards € avec le Maroc.

Cependant, pour les relations économiques du Maroc avec la France, il ne faut pas raisonner seulement en matière d’échanges commerciaux. Les sociétés françaises établies au Maroc ont une présence considérable : la majorité de leur chiffre d’affaires est soit intégré dans le produit intérieur brut (PIB) marocain, soit facturé par les sociétés mères en France pour leur production directement exportée depuis le Maroc. Ce qui signifie que le poids économique entre le Maroc et la France est nettement plus important qu’avec l’Algérie.

La politique économique du Maroc semble se préoccuper moins de son indépendance économique, car des entreprises étrangères sont autorisées à s’établir avec la possession complète du capital de leur propre société. En revanche, en Algérie, une société étrangère doit respecter la règle des 49/51 %, exigeant que l’entreprise soit majoritairement détenue par un investisseur algérien, public ou privé. Cette règle a été depuis la loi budgétaire de 2020 assouplie pour les secteurs économiques non stratégiques.

Par rapport à l’Afrique, la France tente, au moyen de ses sociétés au Maroc, de conquérir ou de reconquérir des marchés qu’elle a perdus ou qu’elle souhaite acquérir. Toutefois, un grand nombre de nations africaines s’éloignent progressivement de la domination française en Afrique et s’orientent plutôt vers l’exploitation de leurs propres richesses ou leur transfert à des entreprises étrangères offrant des conditions plus justes, telles que celles proposées par la Chine, la Russie, la Turquie et les échanges intra-africains.

Sur le plan géostratégique, la France implique également le Maroc dans des opérations inappropriées qu’elle jouait précédemment dans certains pays du sahel, mais n’arrive plus à maintenir son influence du passé. Certains géostratèges expliquent que leur solidarité discrète avec l’Algérie explique en partie la déconfiture diplomatique de la France avec les pays du Sahel et récemment le Sénégal, le Tchad et la Cote d’ivoire.

Certains pays africains se méfient des accointances du Maroc avec la France et Israël, son rôle de fournisseur de cannabis et de drogues sud-américaines qui finance le terrorisme au Sahel ainsi que les actions qu’il mène furtivement en faveur d’Israël, notamment d’avoir promu l’accès d’Israël en tant qu’État membre observateur dans l’Unité africaine.

Le retournement de la position de la France quant à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, alors que sa position antérieure était conforme aux droits à l’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions de l’ONU dont elle est membre permanent du Conseil de Sécurité.

Cette position a suscité le mécontentement de l’Algérie, dont la décolonisation des peuples est un principe intangible non seulement pour le Sahara occidental, mais avant pour avoir soutenu l’indépendance de l’Angola, du Mozambique et de l’Afrique du Sud, entre autres.

D’autres États subodorent que le Maroc, pour entériner l’annexion du Sahara occidental, soudoie des pays, menace de migration, fait du chantage à des personnalités piégées par des enregistrements vidéos compromettants lors de leur séjour au Maroc ou accorde des largesses économiques à d’autres pays. Cette attitude, que les Marocains qualifient de soft Power, n’est en réalité qu’une malsaine compromission.

L’exagération manifeste du Maroc dans la réécriture de sa propre histoire et sa détermination à diminuer celles de ses voisins 

Selon la trompeuse théorie marocaine sur la souveraineté du Sahara occidental et l’idéologie de l’irrédentisme, l’Algérie pourrait revendiquer l’annexion de la partie nord du Maroc historiquement liée à la Numidie algérienne, ou au moins jusqu’au fleuve Moulouya, qui a toujours servi de frontière naturelle. De son côté, la Tunisie carthaginoise revendiquera toute la côte du Maroc. L’alliance sénégalo-mauritanienne réclamera tous les territoires conquis par les Almoravides, la dynastie algérienne des Aldelmoumen, ceux conquis par les Almohades, et ainsi de suite.
Sachant que le Maroc, situé à l’extrême ouest du Maghreb, à moins qu’il ne soit émergé de la mer Atlantique de l’antique Atlantide, est l’émanation des peuples voisins de l’est et du sud du Maghreb. Ce n’est qu’à partir du 16e siècle que les brigands Wattassides, Saadiens et Alaouites l’ont occupé en exterminant les zaouïas, autorité religieuse de l’époque.
En matière de droit international, le peuple originaire du Sahara occidental doit se prononcer sur son autodétermination. Son représentant est le Polisario et l’organisme de l’ONU, la Minurso, est toujours là pour exercer cette mission. Le vote d’indépendance est sciemment retardé par le Maroc, l’ONU n’acceptant pas d’inclure les colons marocains de la marche verte de 1975 (350 000 colons marocains) dans le scrutin.
Par ailleurs, dans son avis du 13 décembre 1974la Cour Internationale de Justice à clairement précisé qu’il n’existe aucun lien de souveraineté territoriale du Maroc sur le territoire du Sahara occidental.
Depuis l’annexion du Sahara occidental, le Maroc s’est lancé dans une vente des ressources de ce pays, distribuant des sommes considérables en billets et menaçant de contrôler l’immigration pour obtenir des soutiens en leur proposant des intérêts alléchants. Cependant, la reconnaissance de ces pays ne changera rien, car seules les résolutions de l’ONU peuvent établir juridiquement l’appartenance ou l’affiliation du Sahara occidental au Maroc.
Pour l’antériorité historique du Maroc, les empires Almoravides, Almohades et même les Mérinides ne sont pas des Marocains, mais des conquérants du Maroc qui leur a servi de pont pour conquérir la péninsule ibérique et Malte également. Prétendre qu’ils sont des empires marocains est la pire des supercheries.
Le premier état marocain d’IDRISS 1er, claironné par les Marocains, est une hérésie, il n’occupait qu’une partie de l’Est marocain, trois autres royaumes occupés le Maroc en même temps ( les royaumes de Nekor, Sijilmassa et Tamesna) jusqu’en 1078, alors que la dynastie Idrissite a été destituée en 985.
Si l’on considère cela comme un État, le Royaume de Kairouan, en Tunisie, à partir de 690, serait le premier État maghrébin. L’Algérie aurait été le deuxième État, grâce au royaume Rostémides de Tahert, fondé en 761, soit longtemps avant l’avènement d’Idris 1er au Maroc, en 791.