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L’instrumentalisation politique de l’accord de décembre 1968, déjà vidé de sa substance.

Voyons d’abord la portée juridique de cet accord franco-algérien du 27 décembre 1968 :

« Le Conseil d’État français a reconnu que l’accord du 27/12/1968 constitue un accord international en vigueur, qui prime sur le droit interne dans les domaines qu’il couvre. Il n’est donc pas « assujetti » au sens strict aux Accords d’Évian, mais il en est issu politiquement et historiquement, et en prolonge l’esprit. »

 Autrement dit, sa dénonciation nécessite l’accord préalable des deux parties, au risque de mettre en cause certaines clauses des accords d’Évian de 1962 dont il est assujetti, qui seraient en défaveur de la France. C’est le cas de la dispense de poursuites pour des crimes de guerre en Algérie et de l’indemnisation des personnes et des biens en raison de la guerre.

L’accord de décembre 1968 offrait aux Algériens un régime spécifique qui leur facilite principalement l’entrée en France, une procédure plus souple pour le regroupement familial et des droits sociaux et économiques aux Algériens résidant en France, entre autres :

Or, cet accord a été amendé par des lois qui l’ont rendu caduc. En effet, l’instauration, depuis le 11 octobre 1986, d’un visa obligatoire pour les Algériens ne permet plus à un ressortissant algérien de venir en France pour s’y installer ni en visite touristique pour une courte durée. En effet, l’arrivée des Algériens est verrouillée par l’octroi préalable d’un visa qui abolit, de manière détournée, les avantages concédés aux Algériens. En vérité, pour se rendre en France, un Algérien doit obtenir un visa auprès de l’ambassadeur de France en Algérie. Ce dernier relève des décisions des autorités consulaires et évolue en fonction de l’atmosphère politique entre les deux pays. Il accorde plus de visas à d’autres ressortissants de la région (comme les Marocains et les Tunisiens) qu’aux Algériens.

a) – L’accueil en France :

Statistiquement, les titres de séjour accordés par pays du Maghreb pour les années 2023,2024 et 2025 sont les suivantes :

Année :     2023       2024      2025         TOTAL :      %

Algérie :   35.000    37000    38.000        110.000      38,46 %

Maroc :    38.000  40.000  41.000       119.000     41,61 %

Tunisie :    18.000    19.000    20.000        57.000      19,93 %

La moyenne annuelle des visas délivrés durant ces trois dernières années est :  Algérie = 240031, Maroc = 271341, Tunisie = 103231

b) – Le regroupement familial :

Voici la répartition des regroupements familiaux accordés par pays du Maghreb :

Année :      2023           2024             2025              TOTAL     %

Algérie     11.000        12.000          12.500             35.500      36,00 %

Maroc        13.000        13.500         14.000            40.500      41,10 %

Tunisie        7.000          7.500            8.000            22.500     22,84 %

À l’évidence, les Algériens présumés favoriser par l’accord de 1968 qui leur confère un statut spécifique, sont en réalité ceux qui obtiennent le moins de cartes de séjour, le moins de visas et le moins de regroupement familial comparés au Maroc et la Tunisie régit par le régime général de droit commun de l’immigration, surtout, proportionnellement aux populations de chaque pays (Algérie = 46,7 millions, Maroc = 38,1 millions, Tunisie = 12 millions).

Conséquences : Bien que les accords de 1968 accordaient la libre circulation des Algériens, ces derniers sont, depuis la loi du 11 octobre 1986, soumis au même régime que les autres états de la région, il leur faut un visa délivré par minutie par l’ambassade de France en Algérie. Un Algérien ne peut donc plus débarquer librement en France sans un visa et s’y installer.

c-) les droits sociaux et économiques :

Cet aspect porte surtout sur une convention bilatérale pour la prise en charge par la Sécurité sociale française des soins des Algériens en France et de la retraite, et celle de la caisse de sécurité sociale algérienne pour la prise en a charge des Français et affiliés à la caisse de sécurité sociale pour leurs soins en Algérie. En résumé, la caisse française prenait en charge les soins des ressortissants algériens en France, et la caisse algérienne celles des ressortissants français et affiliés en Algérie.

1-) prise en charge des malades :

Les Algériens malades pris en charge en France sont des salariés algériens affiliés à la caisse de sécurité algérienne qui les envoie pour des soins en France. Ils disposent d’un document de prise en charge à présenter à l’hôpital ; les frais sont alors comptabilisés dans les comptes de réciprocités entre la caisse de sécurité algérienne et la caisse de sécurité française.

Les malades français travaillant en Algérie, les Franco-Algériens et autres affiliés à la caisse de sécurité française qui sont soignés en Algérie, leurs frais de soins sont également comptabilisés dans les comptes de réciprocités selon la convention entre la caisse française et la caisse algérienne.

Malgré les brouhahas de certains politiciens évoquant le non-paiement des frais de soins d’Algériens en France à hauteur de 100 millions d’euros, il s’avère, et le rapporteur de l’étude parlementaire le cite clairement, les comptes de réciprocités infirment cette thèse, à savoir :

La caisse algérienne doit effectivement 102 millions € à la caisse française

Mais, la caisse française doit, quant à elle, 400 millions € à la caisse algérienne, soit un solde en faveur de l’Algérie de 298 millions € et non pas le contraire.

2-) les retraites et l’ASPA (Assistance Sociale des Personnes Agées) :

Le rapporteur du parlement cite l’exemple de cas où un Algérien a travaillé 20 ans en Algérie et 20 ans en France, mais que la caisse de retraite algérienne ne verse pas sa part de retraite, ce qui engendre un versement de l’ASPA aux retraités algériens.

Selon la thèse du rapporteur parlementaire, l’adhésion à une caisse de retraite est obligatoire en Algérie, tout comme les salaires dans une certaine mesure. Pourtant, seuls 60 % (*) des travailleurs algériens sont affiliés à ces caisses de retraite, et leur salaire converti en euros est en moyenne cinq fois et demie inférieur au salaire français.

*À noter qu’il y a une catégorie importante d’Algériens venus travailler en France qui n’ont pas forcément cotisé à une caisse de retraite en Algérie, bien que l’affiliation à la retraite soit obligatoire. On estime que seuls 60% des salariés en Algérie sont affiliés aux caisses de retraite, ceux qui doivent cotiser volontairement à une caisse de retraite ou les travailleurs dans le secteur informel ne sont pas forcément affiliés.

Reprenons son exemple :

Un salarié français ou algérien vivant en France ayant reçu un salaire annuel de 20 000 € pendant 80 trimestres (20 ans) recevra une pension mensuelle de retraite du régime général calculée comme suit : 20 000 € X 37,5 % X 80/172 = 3488,37 € par an, soit 290,69 € par mois. Après déduction de 10 % pour les impôts et la CSG, il percevra 261,62 € net par mois, un montant inférieur au minimum vieillesse (1034,28 €). Par conséquent, le retraité français ou algérien recevra un supplément de l’ASPA de 772,66 €.

Toutefois, le salarié algérien doit résider en France et détenir un titre de séjour l’autorisant à travailler pendant au moins dix ans pour avoir droit à l’ASPA. Si jamais il repart s’installer en Algérie, il ne percevra pas l’ASPA, mais seulement le montant mensuel de sa retraite, soit 261,62 €. S’il a cotisé à la caisse de retraite en Algérie avant de venir en France, elle lui payera également une retraite proportionnelle aux années travaillées en Algérie.

3-) Les étudiants algériens en France (1)

Au contraire du régime général pour les étudiants étrangers en France qui leur accorde des avantages, l’accord franco-algérien les réduits :

L’accord de 1968 présente des limitations pour les étudiants algériens par rapport au régime général appliqué aux autres étudiants étrangers :

  • Les étudiants étrangers peuvent travailler jusqu’à 964 heures par an (soit 20h/semaine) sans autorisation spécifique alors que les étudiants algériens doivent obtenir une autorisation provisoire de travail (APT), ce qui complique l’accès à l’emploi étudiant.
  • Les étudiants étrangers peuvent demander un changement de statut vers salarié ou entrepreneur plus facilement pour rester en France, le changement de statut pour les étudiants algériens est plus restrictif et moins souple que celui des étudiants étrangers, notamment pour les jeunes diplômés algériens souhaitant rester en France.

Les aides au logement (APL) sont accordées en général à tous les étudiants, y compris les étudiants étrangers (en moyenne 200€ pour ceux qui remplissent les conditions de revenu), elles sont prises en charge par la Caisse d’Allocations familiales.

Cependant, exceptionnellement, l’Algérie affecte chaque année les montants d’aides au développement qu’elle reçoit de la France pour, d’une part, financer les écoles de l’Institut français en Algérie et le reste pour financer celui de ses étudiants en France.

Les cas évoqués indépendamment des accords de décembre 1968 :

  • Le cas des retraités résidents en Algérie qui ne déclarent pas leur décès et continuent, de fait, à percevoir leur retraite par des tiers.

C’est un cas récurrent pour un grand nombre de retraités d’autres pays, y compris des pays européens, et se focaliser uniquement sur les retraités algériens relève d’une instrumentalisation pernicieuse.

En effet, les retraités qui résident dans les pays suivants font face aux mêmes enjeux : Maroc, Tunisie, Espagne, Portugal, Turquie et bien d’autres pays sont concernés par ce phénomène que les autorités françaises envisagent de mettre un mécanisme pour l’enrayer.

  • Un autre cas qui ne cesse d’alimenter les polémiques, le cas des OQTF :

L’ensemble des OQTF en France est :

137 730 OQTF prononcées en 2023 et 11.722 renvois forcés ont été réalisées, soit un taux d’exécution de 6,9%

140 000 OQTF prononcées en 2024 et 20.000 renvois forcés ont été réalisés soit, soit un taux d’exécution de 14,28%

Nota : Les données de 2025 sont en cours, mais les tendances resteront sensiblement similaires.

Concernant les Algériens :

+- 25000 OQTF prononcées en 2023 et 2962 renvois forcés ont été réalisés, soit un taux de 11,85%, supérieur à la moyenne nationale de 6,9% pour l’année considérée

+- 25 000 OQTF prononcées en 2024 et 2999 renvois forcés ont été réalisés, soit un taux de 12 %, taux inférieur à la moyenne nationale de 14,28 % pour l’année considérée (*).

L’Algérie a été, proportionnellement au nombre d’OQTF, parfois mieux à reprendre ses OQTF que la dizaine d’autres pays, et pourtant, à entendre médias et politiciens, elle serait carrément réfractaire, voire opposée à la reprise de ses ressortissants.

*L’arbitraire entourant la situation de deux OQTF algériennes, qui ont été renvoyées par l’Algérie vers la France après qu’elle a constaté que les procédures légales n’avaient pas été respectées, a considérablement réduit la collaboration franco-algérienne sur cette question. Non seulement l’Algérie a contesté ces procédures purement politiciennes, mais les juges français, chargés de l’arbitrage, lui ont donné raison.

  • Pour finir et contrecarrer ceux qui crient aux dépenses en faveur des Algériens et jamais des recettes qui favorisent les budgets de la France, je prends, entre-autre exemple, le cas des médecins algériens dans les hôpitaux de France :

26000 médecins étrangers travaillent dans les hôpitaux français pour compenser le manque de médecins français. Parmi les 19 154 médecins d’entre eux sont des diplômés hors de l’Union européenne et bénéficient de régimes salariaux particuliers, c’est-à-dire qu’ils sont payés au tarif fixe de 1400 € par mois pendant une période de 3 à 5 ans.

Parmi eux, 16.000 médecins et professeurs algériens, formés dans les universités algériennes et ayant pratiqué au moins cinq années d’exercice de leur métier avant de venir en France.

Une étude financière nous éclaire sur les importants revenus engrangés par la France pour ce seul secteur, sans qu’il ne soit fait cas par aucun politicien ni média :

  1. Le cursus de la formation d’un médecin en France coute 200.000€. Un médecin algérien ne coute aucune charge de formation, soit un bénéfice de 200.000€ par médecin employé dans les hôpitaux français.
  2. Un médecin algérien est payé en moyenne 1400€ par mois, soit : 16.800€ par an pendant trois à quatre ans contre le salaire d’un médecin français estimé en moyenne à 6100€/mois, soit : 73.200€

Pour les 16 000 médecins algériens seulement, les couts (salaires et études) représentent des gains importants qui réduisent considérablement les couts réels. Si les médecins français assuraient ces prestations en lieu et place des médecins algériens, ces couts seraient nettement plus élevés.

16.000 x 200.000€ (frais de formation)          – 3,29 milliards €

16.000 salaires (73 200 € – 16 800 €) X 3 ans  – 2,71 milliards €

Soit un bénéfice en faveur des caisses françaises :  6 milliards €

Med Kamel Yahiaoui, Ecrivain Essayiste

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ALGERIE – FRANCE, les fausses vraies raisons des conflits

En se concentrant uniquement sur le récent conflit entre la France et l’Algérie, supposé être à l’origine de la reconnaissance du Sahara occidental au Maroc, c’est presque faire abstraction des conflits tumultueux qui ont précédé la date du 30 juillet 2024, date de cette reconnaissance.

Alger a été surpris que la France ait soudainement reconnu l’appartenance du Sahara occidental au Maroc, alors qu’elle était auparavant en conformité avec les résolutions de l’ONU qui exigent un référendum pour l’autodétermination de l’ancienne colonie espagnole, ainsi qu’avec les décisions de la Cour européenne de justice enjoignant aux pays de l’UE de respecter les droits des ressources du peuple autochtone sahraoui de ce territoire dans leurs relations économiques avec le Maroc.

Pour l’anecdote, un célèbre journaliste algérien a écrit : « Si le président Emmanuel Macron, en agissant ainsi, croyait créer une rivalité entre ces deux irréductibles ennemis pour tirer profit économiquement ou géopolitiquement, il a fait une mauvaise pioche. Même si le Maroc a promis à la France de pouvoir investir l’équivalent de dix milliards d’euros sur son territoire, y compris dans le Sahara occidental, l’Algérie a réagi en imposant des restrictions d’achat de produits français et la vente de ses hydrocarbures à prix réduit, ce qui met en péril l’économie de nombreuses entreprises françaises, y compris celles implantées en Algérie. L’impact financier immédiat et à long terme se chiffrerait au double de la promesse marocaine ».

Les conflits, qui existaient depuis l’indépendance de l’Algérie, ont été exacerbés par la refonte d’une nouvelle Algérie, qui a été entamée après les grandes manifestations populaires de l’Hirak en 2019. Cela a été suivi par la démission de l’ancien président Bouteflika, qui avait entretenu pendant deux décennies des relations privilégiées avec la France entachées de corruption, et enfin l’élection du nouveau président algérien Abdelmajid TEBOUNE à la fin de cette même année.

Le président Emmanuel Macron, lors de sa dernière visite présidentielle en Algérie, avait tenté d’insuffler une nouvelle relation avec l’Algérie en reconnaissant, en partie, des crimes de guerre et l’assassinat de deux leaders pendant la guerre d’Algérie, jugé prometteur par Alger, néanmoins insuffisant.

Le président Abdelmajid TEBOUNE, quant à lui, a chaleureusement félicité son homologue pour cette démarche et lui a laissé entendre son désir de changer les paradigmes des anciens schémas pour rétablir une relation mutuellement bénéfique et sereine. Le président français a approuvé cette idée et a invité le président algérien à une visite officielle en France.

Mais, des évènements inattendus ont assombri ces perspectives. En effet à son retour en France, le président Emmanuel Macron a été confronté à des attaques frontales pour ses déclarations en Algérie, de la part de l’extrême droite, de la droite conservatrice, notamment des associations des rapatriés d’Algérie qui représentent un vivier électoral important en France.

C’est alors que, risquant de perdre la face, le président Macron abonda dans le sens de ses contestataires et, en voulant minimiser l’impact, ira jusqu’à reprendre les slogans fallacieux des Français d’Algérie style « Les bienfaits de la colonisation » et de « L’Algérie, une création française ». Cette inexcusable erreur politique que le président algérien TEBOUNE et son gouvernement ont considéré comme une atteinte à une ligne rouge infranchissable et ont décidé de restreindre leurs relations privilégiées avec la France.

Cependant, les déclarations d’un président de la République qui ne cherche qu’à contenter les contestataires et l’électorat des rapatriés d’Algérie et de leurs sympathisants ont été jugées comme une incohérence historique et politique par de nombreux historiens dénonçant ces thèses à propos de l’Algérie, y compris l’un des plus éminents d’entre eux, Benjamin STORA. À noter que cet historien d’origine pieds-noirs a lui-même coordonné la commission créée à l’initiative du président français pour éclaircir l’histoire mémorielle franco-algérienne et apaiser les passions autour de cette colonisation meurtrière.

Concernant l’invitation du président TEBOUNE pour une visite officielle en France, celle-ci a été reportée consécutivement à ces déclarations. Elle sera reportée à plusieurs reprises avant et après le 30 juillet 2024, date de la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par le président Emmanuel MACRON et sa visite au Maroc.

Pourtant, dans ce laps de temps, le Président algérien, Abdelmajid TEBOUNE, s’est rendu en visite officielle ou ayant accueilli en Algérie pas moins d’une vingtaine de Présidents de république, Premiers ministres et ministres d’États, signe que son refus d’honorer l’invitation en France n’était pas un empêchement de calendrier comme on l’évoque diplomatiquement.

Pour revenir à la date du 30 juillet 2024, celle-ci a marqué le début des relations vacillantes. Des affrontements violents, manifestement planifiés en France, ont été observés, avec des ripostes d’intensité similaire de l’Algérie. On y note des manœuvres politiques et médiatiques de diverses obédiences cherchant à renforcer leur influence ou à assurer leur succès électoral lors des élections présidentielles de 2027. Plus récemment, une figure politique pour l’élection à la présidence de son parti.

Les relations entre l’Algérie et la France ont toujours été marquées par des conflits depuis l’indépendance, mais n’ont jamais atteint un tel degré de rupture. On ne sait pas non plus quelle issue cela aura dans le futur.

Quant aux observateurs économiques et géopoliticiens, ils considèrent que la France continue de voir cette Algérie sous le prisme d’une ancienne colonie avec un lien de subordination, alors que cette même Algérie a tracé un autre chemin, subrepticement, mais surement, vers d’autres horizons.

En effet, grâce à sa position géostratégique, à ses ressources en hydrocarbures et en minéraux, aux opportunités d’investissements, à son attrait pour une population de 47 millions de consommateurs et à de nouvelles lois favorisant les investissements étrangers, s’ajoute un rôle de plus en plus important dans la région du Maghreb et du Sahel en matière de sécurité. Son expertise dans la lutte contre le terrorisme et sa puissance militaire en constante évolution, qui la place au 25e rang des puissances militaires mondiales, attirent de plus en plus l’attention des puissances mondiales qui cherchent à concurrencer la France dans ses relations privilégiées avec son ancienne colonie.

Les relations traditionnelles avec la Russie et la Chine sont désormais accompagnées de celles avec d’autres pays importants, notamment les États-Unis, l’Inde, les BRICS, la Corée du Sud, la Turquie et des pays de l’Union européenne, qui ont pris le pas sur la France ( l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne ).

Massine TACIR, Ecrivain Essayiste

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Boualem Sansal, pour un délit égal en France, le verdict aurait été plus sévère qu’en Algérie

Boualem Sansal, pour un délit égal en France, le verdict aurait été plus sévère qu’en Algérie.

Relatons, en préambule, l’aspect pénal du cas Boualem Sansal et tentons de faire un parallèle de son cas par rapport aux démocraties occidentales et particulièrement la France en notant que, malgré ces équivalences, le contexte légal, social et politique en France diffère de celui de l’Algérie.

Selon l’Algérie, dont il est citoyen, Boualem Sansal a été condamné pour des délits punissables par la législation algérienne. Bien qu’il a depuis plusieurs années, dépassé le rubicon, il devait, par conséquent, en assumer les conséquences. Le fait d’avoir bénéficié du statut de Franco-Algérien (à peine 3 mois avant son arrestation), ne le dispense pas d’être jugé par les instances judiciaires algériennes en tant qu’algérien d’origine.

On est loin de la vision qui consiste à faire croire que ses problèmes résultent de ses positions critiques à l’égard du gouvernement algérien et de la société algérienne et pour cause, Boualem Sansal, tout en résidant en Algérie jusqu’au jour de son arrestation en novembre 2024, proférait des critiques virulentes à l’égard de l’état et la société algérienne sans être inquiété pour autant.

L’Algérie est une démocratie modérée qui tient énormément compte des us et coutumes de ses citoyens qui peuvent paraître contradictoires à l’exercice d’une démocratie à l’Occidental. De même que, du point de vue du législateur algérien, certaines lois françaises peuvent paraître des entraves déguisées à la liberté d’expression, comme l’apologie du terrorisme, la critique de la shoah ou l’antisémitisme qui ne sont pas toujours appliquées à bon escient. La meilleure et dernière illustration connue est celle de certaines rédactions qui ont été accusées de censurer ou d’écarter des collaborateurs pour des désaccords éditoriaux liés à la couverture du conflit à Gaza, révélée par Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et d’autres organisations pour dénoncer les atteintes à la liberté de la presse, les licenciements abusifs, et les pressions économiques ou politiques sur les rédactions.

Les propos excessifs de Boualem Sansal, tenus lors de l’interview accordée au média français d’extrême droite « Frontières » en octobre 2024, ont hissé à un plus haut degré les controverses. En effet, il a remis en cause l’intégrité territoriale de l’Algérie, ce qui est considéré comme un délit en droit algérien, notamment en vertu de l’article 87 bis, qui punit les actes terroristes et subversifs menaçant la sécurité de l’État, l’intégrité du territoire et les institutions gouvernementales.

Le service secret algérien avait un soupçon, mais pas une certitude que cette entrevue était orchestrée par l’ancien ambassadeur de France, Xavier Driancourt, également membre de l’équipe éditoriale du média d’extrême droite « Frontières », en tant que prélude à une campagne de dénigrement de l’Algérie, dans un but purement politique.

Après son arrestation, d’autres présomptions à son encontre se sont accumulées. On peut citer le dîner de Boualem Sansal avec Xavier Driancourt (1) la veille de son départ en Algérie. On peut également mentionner la campagne de dénigrement contre l’Algérie au prétexte de « la liberté d’expression », entamée par l’extrême droite, la droite conservatrice et les lobbies israéliens (2), qui démontre sans équivoque aux yeux de l’Algérie ses accointances avec les sphères politiques et médiatiques. En effet, la majorité des personnalités de cette sphère affirment avoir rencontré ou connaitre l’écrivain. Cette relation inhabituelle d’une telle importance entre un simple écrivain et tant de responsables, caractérisait un autre délit pénal, l’équivalent d’un délit en France, l’article 411-5, qui stipule : « Le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, lorsqu’il est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, est puni de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. » L’article 411-4, plus sévère, porte quant à lui la condamnation à trente ans de détention criminelle et 450.000 € d’amende.

  • Monsieur Xavier Driancourt connaissait et était déjà en relation avec Boualem Sansal du temps où il était ambassadeur de France à deux reprises en Algérie pendant des années. Xavier Driencourt a raconté, dans une entrevue, qu’il avait invité Boualem Sansal et Kamel Daoud au repas de réception du président Macron lors de sa visite officielle en Algérie en 2017. À cette occasion, ces deux écrivains lui auraient confié, je le cite : « Aidez-nous, nous sommes les gardiens de la langue française en Algérie. » À noter qu’en tant qu’ambassadeur en Algérie, Xavier Driancourt représentait l’État français de manière officielle, était normalement sans affiliation partisane directe. Ce n’est qu’après sa retraite qu’il a adopté des positions plus tranchées, qui ont séduit certaines franges de la droite et de l’extrême droite françaises. Est-ce cette raison qui explique que les marionnettistes du cas de Boualem Sansal proviennent principalement de ces familles politiques ?
  • Deux faits avérés qui confortent les Algériens dans son rapport avec les Israéliens, malgré l’absence de relations diplomatiques de l’Algérie avec Israël :
  • Lors du G7 en 1997 en Suisse, Boualem Sansal, alors fonctionnaire du ministère de l’Industrie en Algérie, avait rencontré, à l’insu de sa hiérarchie et discrètement, Benjamin NETANYAHOU lors de ce forum, ce qui lui a valu d’être licencié du ministère de l’Industrie d’Algérie en 1999.
  • Le voyage de Boualem Sansal à Tel-Aviv en 2013 et son interview dans un média israélien où il révélait des informations sensibles de son pays à un état étranger.

Enfin, un dernier élément qui plaide en défaveur de l’écrivain Boualem Sansal, c’est précisément son statut d’écrivain. Les Algériens subodorent qu’il n’est qu’un simple prête-nom pour les œuvres qui portent son nom d’auteur. Dans l’entourage professionnel du temps où il était fonctionnaire de l’état au ministère de l’Industrie en Algérie, ses collègues affirmaient qu’il n’avait pas les qualités rédactionnelle, orthographique et grammaticale d’un écrivain.

Boualem Sansal a écopé en première instance une condamnation à 5 ans de prison, portée à 10 ans au second jugement, à l’heure de la rédaction de ce billet, on ne connaît pas les résultats de son appel. La désignation des avocats pour sa défense devant le tribunal algérien a suscité autant de controverses politiques plutôt que juridiques. En premier lieu, l’avocat François Zimeray, de l’écrivain en Algérie, son visa a été refusé prétendument sous prétexte qu’il était juif, or le nombre important de politiciens et célébrités d’origine juive qui ont obtenu leur visa pour l’Algérie, infirme cette hypothèse. Le problème est lié aux conditions requises en vertu des accords juridiques entre l’Algérie et la France de 1962, qui stipulent qu’un avocat français ne peut plaider en Algérie qu’avec l’assistance et le soutien d’un ou plusieurs avocats algériens, plus apte aux rouages des lois algériennes et ce, pour la sauvegarde des droits de l’inculpé. Au titre de ces mêmes accords, un avocat algérien ne peut agir qu’en tant que conseiller juridique en France. Il doit passer au préalable une certification pour pouvoir plaider en tant qu’avocat devant les tribunaux français.

Hormis ces conditions contractuelles, rien n’interdit à l’une ou l’autre partie de refuser la plaidoirie d’un avocat sur son territoire pour des accointances politiques ou morales. Le refus de visa de l’avocat François Zimeray n’a pas été causé parce qu’il était juif, comme le prétend la campagne médiatique, mais probablement par son engagement pro-israélien et les accointances de son client avec Israël. En effet, cet avocat, ancien membre du Parti Socialiste, son investiture au nom de ce parti n’a pas été renouvelée en 2004 à cause de son militantisme jugé trop pro-israélien.

Pour assurer la pérennité du jugement, le tribunal algérien a désigné d’office deux avocats algériens pour la défense de Boualem Sansal. Ce dernier les a récusés et a choisi de se défendre lui-même. Néanmoins, un avocat français, Maitre Pierre Cornut-Gentille qui remplit les conditions d’usage, l’assistera dans son procès en appel prévu le 1er juillet 2025.

Nous sommes tous incontestablement d’accord pour déclarer qu’en termes de liberté d’expression, l’éviction des journalistes ou des écrivains, leur poursuite judiciaire et encore moins leur emprisonnement sont inconcevables pour l’exercice de leur fonction, cependant, le statut de journaliste ou d’écrivain ne les dispense pas d’encourir des sanctions pour d’autres entraves au droit.

Med Kamel YAHIAOUI, Ecrivain Essayiste

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Qui est AMIR DZ et pourquoi son présumé kidnapping

De son vrai nom Amir BOUKHORS, AMIR DZ est un influenceur sur les réseaux sociaux réputé être un opposant au gouvernement algérien.

Cependant, dans son pays d’origine, l’Algérie, on lui attribue des rôles plus controversés qu’un simple influenceur critiquant le pouvoir algérien, sous la bannière duquel il a obtenu en France le statut de réfugié en 2023.

En 2016, Amir Boukhors, alias « Amir DZ, » est arrivé en France via l’Allemagne. De 2016 à 2020, il vécut en France sans posséder de statut de résident algérien lui permettant de séjourner légalement en France. Cette situation précaire dura quatre années.

En 2020, il dépose une demande d’asile politique. Le simple justificatif de cette demande d’asile, qu’il doit renouveler tous les 6 mois, l’autorise à rester légalement en France en attendant la décision de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA)

En 2023, il obtient le statut d’asile politique, qui lui confère une protection légale et un titre de séjour en tant que réfugié politique depuis cette date.

Autrement dit, AMIR DZ a résidé clandestinement en France depuis 2016 à 2020, puis au titre de demandeur d’asile jusqu’en 2023, et enfin sous le statut de réfugié politique qui lui a été accordé à cette date et qui lui confère le droit de résider légalement en France.

En Algérie, AMIR DZ est perçu pour certains comme une voix dissidente, particulièrement pendant et après le mouvement du HIRAK en 2019, tandis que d’autres l’accusent d’avoir utilisé la notoriété qu’il s’est construite à des profits personnels.

Il s’attaque essentiellement à des figures politiques et militaires influentes dont sa virulence était davantage pour accroitre son audience sur les réseaux sociaux et bénéficier des retombées financières en conséquence. Ces contradicteurs lui reprochent de s’être écarté de l’esprit fondateur du HIRAK dont il se prévalait, de profiter de toutes les opportunités, souvent sans scrupules, en tirant parti de toutes situations sans rapport avec la qualité d’un opposant au régime qu’il se prétend.

Les uns insinuent que AMIR DZ, de par la notoriété qu’il a acquise sur les réseaux sociaux, est et était manipulé par des factions rivales au sein même du pouvoir algérien qui l’utilisaient pour diffuser des informations sourcées par ces derniers à dessein de régler leurs propres comptes entre eux.

D’autres lui reprochent également de se sourcer auprès des partisans de l’ancien FIS (Front islamique du salut), une organisation islamique impliquée dans la guerre civile en Algérie des années 2000, dont les membres fondateurs se sont réfugiés en Europe et créé un mouvement sous l’appellation de RACHAD.Un des cofondateurs nommé Larbi ZITOUT opérant depuis le Royaume-Uni serait en relation avérée avec lui.

RACHAD est un mouvement politique créé en 2007 en Europe par plusieurs anciens militants du Front islamique du Salut (FIS), dont Larbi Zitout, Mourad Dhina et d’autres figures. Les membres de Rachad se positionnent comme des opposants au régime algérien prônant en catimini les réformes de l’ancien FIS (mouvement islamiste) sous la fallacieuse bannière de réformes démocratiques. Le mouvement, dont certains fondateurs ont déjà été condamnés pour terrorisme pendant la guerre civile en Algérie, a été classé comme organisation terroriste par le gouvernement algérien en 2021.

Amir DZ a été condamné en Algérie pour différents délits, notamment pour terrorisme en même temps que Larbi ZITOUT, son contact au Royaume-Uni.

Un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui par la Justice algérienne en 2022, cependant, la France n’a pas procédé à son extradition comme prévu conformément aux procédures d’Interpol dont elle est adhérente, d’autant qu’à la date de l’émission du mandat, il ne jouissait pas de la protection du statut de réfugié politique qu’il n’a obtenu qu’en 2023.

L’arrestation d’un agent consulaire algérien sous protection diplomatique soupçonnait d’avoir, avec deux autres individus, kidnappé AMIR DZ, puis inculpé au simple motif que son portable a été balisé dans la proximité du lieu de l’agression, qui vient envenimer les conflits diplomatiques déjà exécrables entre l’Algérie et la France, orchestrés dixit les médias algériens, par le ministre de l’Intérieur Bruno RETAILLEAU pour des raisons de politique personnelle.

Cette arrestation fait suite à une plainte pour enlèvement, déposée par Amir DZ en avril 2024. Selon ses déclarations, il aurait été kidnappé par des individus se faisant passer pour des policiers, mais il pense que ce sont des agents des services secrets algériens. Ils l’ont emmené dans un conteneur isolé en Seine-et-Marne. Il affirme avoir été drogué puis relâché 27 heures plus tard.

Les spéculations continuent de susciter des controverses depuis, par exemple :

  • Un fait divers recyclé dans la continuité de la pression sur le pouvoir algérien
  • Une histoire abracadabrante qui n’a aucune logique ; un kidnapping sans demande de rançon ni interrogation sous la menace, puis simplement libéré sans condition.
  • Inculper les services secrets algériens pour soutirer des informations ou l’arrêter pour l’emmener en Algérie purger sa peine aurait été plausible, mais ce n’est pas le cas.
  • Il aurait aussi bien pu être kidnappé par ses relations sur les réseaux sociaux, faire pression sur lui pour de multiples raisons.

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Les OQTF, le nouveau mot magique qui rapporte gros en politique

Comme les thèmes politiquement payants du voile, la burqa, la laïcité, l’immigration, l’islam et l’antisémitisme, ce nouveau thème est en passe de surclasser tous ceux qui l’ont précédé. D’ailleurs n’est-il pas plus facile de l’évoquer, voire le justifier par un simple tour de passe-passe fallacieux, pour faire monter la mayonnaise parmi un population qui peine à retrouver sa cohésion nationale et son paisible train de vie.

Le terme «  OQTF  » est devenu aussi spéculatif qu’une valeur boursière. Ainsi, les OQTF des pays européens en dehors de l’UE, celles de tout autre continent, ne sont pas aussi rentables que les OQTF du Maghreb.

Et, à l’intérieur même de ce foutu Maghreb, il y a un pays qui rapporte bien plus que ses voisins, l’évocation de son simple nom est en soi un jackpot politico-médiatique ; vous l’avez certainement deviné, c’est celui de l’ALGÉRIE, la bombe médiatique en France.

Sans revenir sur les subtiles mises en scène depuis la fin juillet 2024 à propos de l’Algérie, les déclarations des plus hautes autorités françaises, qui semblent crédibles, d’une Algérie qui «  humilie  » la cinquième puissance du monde et qui se «  déshonore  » par la même, lesquelles déclarations sont reprises, enrichies et amplifiées par une extrême droite et une droite à l’affut.

Traditionnellement, les « coups fourrés » sont l’apanage des services secrets, sauf que pour l’Algérie et ses OQTF, c’est les politiciens eux-mêmes qui accaparent de cette mission :

En premier lieu, c’est le ministre de l’Intérieur qui, tambour battant, expulse manu militari un prétendu dangereux influenceur algérien, Dboualem, qui est en situation régulière en France depuis plus de 15 ans, mari d’une Française et père de deux enfants français.

Mais ce n’est pas la question. Notre subtil ministre souligne, en y insistant, que le prétendu délinquant possédait un passeport biométrique algérien en règle et que l’Algérie l’a renvoyé simplement pour «  humilier la France  », dit-il. Après coup, il s’est avéré que les autorités algériennes étaient en droit de renvoyer à l’expéditeur ce ressortissant sur le fondement légal que cette expulsion était arbitraire ; le pire pour Mr Retailleau c’est que cela a été confirmé par la justice française, faisant grief à ce ministre d’avoir évoqué un motif inapproprié d’expulsion, Dieu merci, la justice veille.

Ensuite, monsieur Éric Ciotti, député de la première circonscription des Alpes-Maritimes, a profité de cette occasion pour commenter un autre cas similaire. Eric Ciotti, un homme politique d’obédience UMP, puis LR, maintenant à l’extrême droite avec l’Union des Droites pour la République, a saisi l’occasion de critiquer l’expulsion d’un individu d’origine algérienne ayant fait l’objet d’une mesure de renvoi vers son pays d’origine après son arrestation pour des violences intrafamiliales. Il a été renvoyé par l’Algérie, car la France n’avait pas respecté les procédures légales, il ne disposait pas « du laisser-passer consulaire avec passeport », lui permettant d’être accueilli dans son pays d’origine

Les autorités françaises, tout comme M. Ciotti et monsieur le ministre de l’Intérieur précédemment, semblent avoir ignoré les conventions bilatérales et le droit français en la matière.

Voyant voir, particulièrement, ce terme OQTF, qui ne cesse de titiller les oreilles de nos concitoyens grâce au tapage médiatique qui en est fait :

Je ne cite que les OQTF concernant l’Algérie, puisque c’est d’elle qu’il s’agit :

Saviez-vous que l’affirmation selon laquelle l’Algérie «  refuse d’appliquer ses OQTF  » n’est pas tout à fait exacte  ? En réalité, selon le rapport du ministère de l’Immigration de France publié le 4 février 2025, 2999 OQTF algériens ont été exécutées en 2024, soit une augmentation de 17 % par rapport aux 2562 OQTF algériens exécutées en 2023.

Les chiffres officiels contredisent les affirmations tapageuses des opposants. Il est donc clair qu’il s’agit d’une supercherie concernant les deux OQTF refoulés par l’Algérie, dont les raisons, faut-il le souligner, sont dues au non-respect des conventions franco-françaises sur l’expulsion des OQTF et à la non-conformité juridique du droit français quant à leur expulsion.

Même si, comme on dit, «  En politique, tous les coups sont permis  », il est évident que la spécificité de l’Algérie sur la scène politique française est suffisamment lucrative pour qu’on lui asséne des coups, peu importe leur raison. De plus, on doit l’accabler pour son péché originel, qui a été de repousser la colonisation française hors du pays, et de servir d’exemple aux autres pays.

Edito : Massine TACIR, Ecrivain, Essayiste

Voir les ouvrages de l’auteur : www.dzbiblio.com

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Quand la première alerte mondiale de l’islamisme et du terrorisme avait commencé en Algérie.

Messieurs Kamel DAOUD et Boualem SANSAL, pour ne citer que ces écrivains algériens qui font l’actualité ces derniers temps, les deux ont connu et vécu la triste guerre civile de l’Algérie des années 90, qu’ils relatent, à leur manière, dans un grand nombre de leurs ouvrages, sur les plateaux de télévision, dans des journaux ou sur les réseaux sociaux.

Il est clair qu’ils contribuent tous deux, comme bien d’autres originaires de leur propre pays, motivés par diverses raisons, tel l’intérêt personnel, un confort matériel offert par la France, notamment l’acquisition d’une nationalité, un lieu de résidence et des finances souvent proportionnelles à leurs déclarations et écrits visant à stigmatiser l’islam, le terrorisme et leur propre nation d’origine.

Voici l’un des aspects clés que leurs partisans ont soigneusement dissimulés : ces deux auteurs ont toujours critiqué le pouvoir algérien, parfois de manière diffamatoire, tout en résidant en Algérie sans être inquiétés par les autorités jusqu’en 2016 pour Kamel DAOUD et jusqu’à la fin de l’année 2024 pour son collègue Boualem SANSAL.

Cette hostilité entretenue contre l’Algérie depuis la France, alimentée par l’extrême droite ou la droite traditionnelle, sert leurs intérêts en attisant les tensions dans les communautés qui cherchent de plus en plus à se distancer d’un passé révolu d’une Algérie française.

Le problème, particulièrement pour ces deux écrivains, dont j’approuve la qualité littéraire, c’est qu’ils ont sciemment occulté les vraies raisons de la naissance de l’islamisme et du terrorisme en Algérie pour adopter le narratif occidental alors qu’ils étaient justement les meilleurs témoins de cette tragique décennie.

Les harkis algériens de la plume, les récits qu’ils auraient dû écrire :

L’Algérie, après un peu plus de deux décennies, était sous le régime du parti unique. En février 1989, une nouvelle constitution a été adoptée. Elle instaurait un régime démocratique, autorisant un multipartisme à condition que les partis politiques ne soient pas fondés sur des critères tels que la religion, la langue, la race, le sexe, le corporatisme ou la région. Cette période a été marquée par l’émergence de nombreux partis politiques et de journaux indépendants (plus de quarante partis politiques de diverses obédiences et autant de journaux indépendants).

Parmi l’émergence de partis politiques en Algérie en 1989, l’un d’entre eux était le front islamique du salut (FIS), un parti islamiste radical financé par l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes qui craignaient que l’instauration d’une démocratie en Algérie ne se propage dans leur propre pays.

Même si le soutien des pays arabo-musulmans aux islamistes algériens était compréhensible, étant donné leur inquiétude face à l’émergence de la démocratie en Algérie, il est regrettable que des pays occidentaux, en particulier la France, aient plutôt découragé le régime algérien à poursuivre sa démarche pour abolir cet islamisme radical naissant. Cela allait à l’encontre de leur prétention à promouvoir la démocratie dans le monde, disaient-ils.

Au cours des années 1980, l’Algérie, comme d’autres nations en développement, a connu une crise économique due à la chute des prix du pétrole et à la pression du Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un prêt, l’obligeant à adopter des restructurations sociales et économiques drastiques.

Cela a engendré des licenciements massifs et une augmentation du chômage, en particulier chez les jeunes, ce qui a favorisé l’émergence des islamistes dès le départ.

Grâce à des manœuvres politiques et à un financement généreux fourni par l’Arabie saoudite et d’autres adeptes du salafisme djihadiste, les islamistes ont réussi à séduire les Algériens, épuisés par la crise économique, en distribuant des colis alimentaires, des soins médicaux, et même de l’argent. Ils ont mis en évidence les avantages d’un État islamique par opposition à un État républicain défaillant.

Grâce à ces actions sociales et des meetings politiques et théologiques bien orchestrés, ils finirent par obtenir une écrasante majorité électorale dans pratiquement toutes les communes algériennes lors des élections communales de 1992.

Le gouvernement algérien, conscient de l’ampleur de la vague électorale en faveur des islamistes du FIS et de ses conséquences potentielles sur sa propre survie, surtout si un changement de cap vers un État islamique était envisagé, a décidé d’annuler le deuxième tour des élections. Cette décision a déclenché une réaction virulente des islamistes, qui ont organisé des manifestations, principalement à Alger, suivi d’une persécution violente des autorités comptant de nombreux morts parmi les manifestants.

Puis, peu de temps après, les islamistes ont activé leur branche armée dormante, l’armée islamique du salut (AIS), qui sera ensuite rejointe par une autre branche plus radicale, le GIA (Groupe Islamique Armé), groupe d’obédience El Qaida du chef Ben Laden. Il est composé de 27 000 à 40 000 combattants entraînés en Afghanistan, puis infiltrés, armés et financés par l’intermédiaire de deux pays voisins de l’Algérie. Le premier craint que sa monarchie ne devienne une république, tandis que le deuxième veut étendre son leadership africain au détriment de l’Algérie.

Commence alors une guerre opposant les deux branches armées des radicaux islamistes contre l’armée nationale qui se solda par au moins 200000 tués, principalement des civils.

Trois lacunes principales des Occidentaux, et particulièrement la France, ont favorisé la naissance de cet islamisme radical se transformant en un terrorisme armé qui prendra une ampleur internationale.

La première lacune, au nom de la démocratie éternelle, la France, sous la présidence de François Mitterrand, ainsi que certains autres pays européens, ont refusé l’annulation des résultats des élections en faveur des islamistes, alors que le pouvoir algérien affirmait que ce n’était pas une violation de la démocratie, mais plutôt un mouvement d’islamistes radicaux cherchant à établir un État islamique en lieu et place des républiques non seulement en Algérie, mais par extension aux autres pays musulmans.

Le gouvernement algérien a essayé d’attirer l’attention de la France et d’autres pays occidentaux sur le danger imminent qui se profilait déjà sous le commandement du leader saoudien Ben Laden, fondateur d’El Qaida en Afghanistan, et de son prédicateur égyptien.

 D’autant plus qu’à l’époque, le Groupe islamiste armé (GIA), affilié à Al-Qaida, en opérant en Algérie, débuta la révolution islamique mondiale, pivot de cette obédience. Il avait également commencé à établir des réseaux de soutien partout dans le monde, incluant les États-Unis, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suisse et des pays arabes, comme l’Arabie saoudite ou le Yémen.

Médiatiquement, le GIA édita une publication en Angleterre nommée Al-Ansar qui revendiquait ses actions violentes commises partout en Algérie. Ces mêmes communiqués sont adressés également par fax ou par appel téléphonique à la radio marocaine arabophone Medi 1 par un homme se présentant comme le chargé des « relations extérieures » du groupe.

 Selon le gouvernement algérien en place, les événements en Algérie ont fait de ce pays un premier terrain d’expérimentation pour cet islam radical djihadiste qui finira par se propager à d’autres nations, ce qui fut le cas par la suite.

La deuxième lacune, la France et les pays occidentaux ont décrété un embargo sur les armes à destination de l’Algérie au lieu de l’aider à faire face militairement à ce danger. L’Algérie s’est mise, vaille que vaille, à fabriquer ses propres armes nécessaires à sa défense pour éradiquer ce fléau sur son territoire.

La troisième lacune, pour cette mouvance islamique naissante, les Occidentaux voyaient en elle un moyen favorable de destituer les dirigeants des pays qui leur étaient hostiles, dont ils tentaient de les faire tomber sous de multiples prétextes, notamment économiques et/ou géostratégiques. Ce n’est qu’après les attentats du parking du World Trade Center en 1993, les attaques dévastatrices des tours jumelles en 2001, celles de la rue de Rennes et de Saint-Michel en France en 1995, ainsi que les attentats à la bombe de Madrid en 2004, et d’autres attaques terroristes à travers le monde, que les pays occidentaux ont réellement mesuré l’ampleur et les cibles de ce mouvement.

Finalement, l’Algérie a réussi à éradiquer le terrorisme sur son sol. Après cette décennie douloueuse, le peuple algérien a retrouvé la pratique d’un islam apaisant et paisible. Grâce à cette douloureuse expérience, il a appris à se méfier de toute tentative de déstabilisation du pays, même de la part de ses propres citoyens, manipulés par une démocratie trompeuse.

Quant au pouvoir algérien, quel que soit son dirigeant depuis, il a constitué ses propres réserves financières en prélevant systématiquement une partie de ses recettes pétrolières, pour ne plus dépendre des emprunts conditionnels du Fonds monétaire international ni de la Banque mondiale.

De plus, l’embargo sur les armes imposé par l’Occident alors que l’Algérie en avait vraiment besoin pour combattre le terrorisme a été un déclic fondamental. Cela a incité l’Algérie à se doter de véritables usines de fabrication d’armes, des plus simples, comme les fusils, les canons, les roquettes, les blindés et leurs respectives munitions, les bateaux de guerre, tels les corvettes Djebel Chenoua, les vedettes, les patrouilleurs et remorqueurs, les satellites d’observation, de la série Alsat, le satellite de communication Alcomsat-1, jusqu’aux plus sophistiqués, comme les drones militaires, dont le fameux drone Al DJAZAIR, reconnu comme l’un des dix drones militaires les plus performants au monde par le prestigieux site américain Army Technology.

Extraits du livre de l’auteur Med Kamel Yahiaoui, à paraitre au mois de février 2025.

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ALGERIE, droite et extrême droite en avant toute!

C’est vrai, qu’en cette période d’élections Européennes de juin 2024, la demande de l’Algérie de la restitution d’objets historiques a été une aubaine pour ces deux tendances politiques, mais pas que.

D’une simple demande au demeurant classique et équitablement débattue par une commission Franco-Algérienne désignée par les deux pays, nous voyons ressurgir soudain dans les débats, meetings, télévisions, radios et journaux des oppositions catégoriques sans rapport avec le fond de cette demande de restitution.

Ainsi, chacun va de son ingéniosité à faire revivre les slogans pertinents, fussent-ils fallacieux, pour peu qu’ils puissent racoler quelques voix électorales supplémentaires.

C’est qu’en France, évoquer le simple nom de l’Algérie est en soi, un sujet qui mène forcément à controverse.

Allez savoir pourquoi, le monde a oublié les horribles guerres de 14-18 et celle de 39-44 qui se sont soldées de pas moins de130 millions de morts, l’Afrique du Sud a oublié les années de l’apartheid et s’est réconcilié avec ses oppresseurs, sauf qu’en France, l’ancienne Algérie Française reste, chez un grand nombre et pas que chez les Français d’Algérie, une source inépuisable chez nos politiciens, comme pour agrémenter avec une épice, la saveur d’un plat électoral.

De quoi s’agit-il au juste, dans le cadre de l’histoire mémorielle entre l’Algérie et la France, une commission franco-algérienne a été mise en place sous la direction de Benjamin STORA et un homologue Algérien, tous deux historiens assistés d’une dizaine de membres des deux états, suite à une initiative du président M. Macron, en 2022.

Il y a quelques jours, l’Algérie a donc demandé la restitution d’objets inhérente à la colonisation française de 1830, dont :

  • 576 crânes des résistants algériens dont seulement 24 ont été restitués entre-temps.
  • Le canon algérien Boumerzoug, exposé à l’académie militaire des Invalides
  • Les missives, le sabre, le burnous et le Coran ayant appartenu à l’Émir Abdelkader, chef emblématique de la résistance Algérienne, biens exposés dans différents musées français.
  • La clé et l’étendard de Laghouat, ville du sud-ouest algérien ainsi que les biens d’autres chefs de la résistance, à l’instar de la tente d’Ahmed Bey.
  • Les archives numérisées de la période coloniale de 1830 à 1962
  • Les biens de souveraineté datant d’avant et après 1830.

Tous ces biens ont une valeur mémorielle symbolique pour l’histoire de l’Algérie et n’affectent en rien ni financièrement ni autre préjudice quelconque pour la France en restituant ces biens historiques à l’Algérie.

Pire garder des crânes humains d’Algériens dans des musées français comme un trophée, inspire plutôt une connotation macabre pour une France du 21e siècle.

Tous les pays colonisateurs ou pays en guerre, à la fin des hostilités, ont restitué ce type de biens voire même quelquefois des indemnisations financières conséquences.

Pas étonnant, encore aujourd’hui, en France, que nous entendions, au sein même l’Assemblée Nationale, les adeptes de l’ex-empire colonial, claironner les bienfaits de la colonisation, alors que de l’autre côté de la Méditerranée, les Algériens affichent tristement des tableaux aux textes explicitement contraires :

Tableau 1, Jules FERRY :

« Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai, il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures ». Jules FERRY

Tableau 2, Ernest RENAN

« La conquête d’un pays de race inférieure, par une race supérieure, qui s’y établit pour le gouverner, n’a rien de choquant… La nature a fait une race d’ouvriers ; c’est la race chinoise, d’une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment de l’honneur… ; une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre… Une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. » Ernest RENAN 1 871

Tableau 3, général MONTIGNAC

« Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied, voilà comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens ». Général Montignac

Tableau 5, maréchal BUGEAUX

« Le but n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, de jouir de leurs champs. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes ou bien exterminez-les jusqu’au dernier. Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards ». Le Maréchal BUGEAUX.

Tableau 6, SAVARY, duc de Ravigo

« Des têtes ! Apportez des têtes, des têtes, bouchez les conduites d’eau crevées avec la tête du premier Bédouin que vous trouverez ! » Savary, duc de Ravigo