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Guerre d’Algérie, des Harkis et collabos malgré eux

Reste le sort des «chairs à canon» que furent les harkis, ces civils enrôlés sous la contrainte de ladministration ou de larmée française, comme la plupart des démunis autochtones à la recherche de quoi nourrir leurs enfants.

Ils sont loin d’être des fidèles à la France, à l’exception de la minorité d’engagés volontaires qui le faisaient par tradition militaire, comme leurs parents-soldats pendant la première et la deuxième guerre mondiale dans les rangs de l’armée coloniale française. On compte aussi parmi eux les familles condamnées pour trahison par le FLN qui trouvèrent refuge sous le drapeau français, ou encore les engagés volontaires qui cherchaient le prestige de l’uniforme militaire et le pouvoir qui s’y attache pour hausser leur nombril.

Et les collaborateurs contraints, ces indigènes des campagnes laissés sur leur lieu de vie, l’armée a eu la sournoise idée de leur distribuer des fusils pour combattre leurs frères révolutionnaires de la région. Le résultat était moins probant qu’espéré. Quelques-uns ont rejoint la résistance avec les armes qu’on leur a remises, tandis que les autres, traités de traitres, ont été exécutés ou ont trouvé refuge dans les casernes militaires voisines.

Le sort de ces harkis et autres présumés collabos a été d’autant plus dramatiques : leurs pairs les ont traités de «traitres», les Français les ont abandonnés et livréà la vindicte populaire, jetés après usage comme des mouchoirs jetables.

Pour ceux qui ont réussi à traverser la Méditerranée, l’accueil en France s’est fait à contrecœur, et ils se sont retrouvés parqués dans des camps, loin des Français de souche, pour lesquels ils avaient combattu leur propre peuple d’origine.

On oublie trop souvent de mentionner que, parmi ces fameux harkis et collaborateurs (1), une quantité non négligeable ont, dans un double rôle, rendu d’importants services à la révolution algérienne, en facilitant par exemple le passage de médicaments, d’armes, l’argent des cotisations et même de membres actifs du FLN/ALN d’un lieu à un autre.

Il y a eu également de nombreux harkis qui avaient déserté, en groupe ou individuellement, en emportant armes et bagages pour rejoindre le maquis et incorporés donc les rangs de l’armée de libération nationale.

L’un des déserteurs les plus célèbres était le jeune militaire Ali KHODJA, surnommé ainsi par ses camarades de l’ALN. C’est lui qui a organisé l’évènement militaire le plus marquant de l’histoire de la guerre d’Algérie : la fameuse embuscade de PALESTRO, dans les montagnes de Kabylie, en mai 1956. Cette embuscade s’est soldée par la mort de 19 soldats français et a hanté les rangs de l’armée française pendant de nombreuses années, à cause de sa cruauté.

  • Extrait de mon livre «Le petit fellagha»édition2019, disponible dans les librairies en ligne et classiques en France.

Ceux parmi eux qui ont servi dans l’armée française et qui ont réussis à rejoindre la France, ce sont réfugiés dans une sorte d’amnésie, tout comme les appelés du contingent. Les atrocités auxquelles ils ont assisté en Algérie sont difficilement racontables par ceux qui les ont faits ou vus le faire, le plus souvent involontairement et sous la contrainte de la sacro-sainte devise militaire « les militaires doivent obéissance aux ordres de leurs supérieurs »

En prime, les harkis subissent un cas de conscience supplémentaire qui s’ajoute à leur désarroi, celui d’avoir trahi ses frères algériens, bien que, comme il a été cité plus haut, la majorité parmi eux a été embrigadée involontairement et parfois sous la contrainte.

Aujourd’hui encore, le terme « harki » est devenu synonyme de « traite », une rengaine qui s’atténue certes en Algérie, mais reste encore vivace.

Le sort des enfants et petits-enfants des harkis, ces sacrifiés de la guerre d’Algérie, subissent, par ricochet, la déconsidération de leurs parents comme s’ils étaient responsables des tragiques mésaventures de leurs ascendants.

Certains s’insurgent contre cette sévérité de jugement, jusqu’à bannir leur origine algérienne et renier cet héritage. D’autres, plus conciliants, veulent perpétuer cette identité ancestrale et l’adapter à leur double culture franco-algérienne, en attendant une amnistie pour arborer eux aussi le drapeau algérien dans une main et le drapeau français dans l’autre. Ils espèrent qu’un jour, l’Algérie lancera un appel à ces enfants en perte d’identité en leur disant : « Venez, l’Algérie, le pays de vos ancêtres vous attend. Vous n’êtes pas responsables des égarements de vos parents. »

Extrait du Livre  » L’Algérie règle ses comptes avec la France » par Med Kamel Yahiaoui

https://librairie.bod.fr/lalgerie-regle-ses-comptes-avec-la-france-med-kamel-yahiaoui-9782322634897

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ALGÉRIE, MAROC, SAHARA OCCIDENTAL

Irrédentisme et falsification de l’histoire

Le difficile équilibre de la France entre l’Algérie et le Maroc

Les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France c’est 11 milliards €/an, et 13,4 milliards € avec le Maroc.

Cependant, pour les relations économiques du Maroc avec la France, il ne faut pas raisonner seulement en matière d’échanges commerciaux. Les sociétés françaises établies au Maroc ont une présence considérable : la majorité de leur chiffre d’affaires est soit intégré dans le produit intérieur brut (PIB) marocain, soit facturé par les sociétés mères en France pour leur production directement exportée depuis le Maroc. Ce qui signifie que le poids économique entre le Maroc et la France est nettement plus important qu’avec l’Algérie.

La politique économique du Maroc semble se préoccuper moins de son indépendance économique, car des entreprises étrangères sont autorisées à s’établir avec la possession complète du capital de leur propre société. En revanche, en Algérie, une société étrangère doit respecter la règle des 49/51 %, exigeant que l’entreprise soit majoritairement détenue par un investisseur algérien, public ou privé. Cette règle a été depuis la loi budgétaire de 2020 assouplie pour les secteurs économiques non stratégiques.

Par rapport à l’Afrique, la France tente, au moyen de ses sociétés au Maroc, de conquérir ou de reconquérir des marchés qu’elle a perdus ou qu’elle souhaite acquérir. Toutefois, un grand nombre de nations africaines s’éloignent progressivement de la domination française en Afrique et s’orientent plutôt vers l’exploitation de leurs propres richesses ou leur transfert à des entreprises étrangères offrant des conditions plus justes, telles que celles proposées par la Chine, la Russie, la Turquie et les échanges intra-africains.

Sur le plan géostratégique, la France implique également le Maroc dans des opérations inappropriées qu’elle jouait précédemment dans certains pays du sahel, mais n’arrive plus à maintenir son influence du passé. Certains géostratèges expliquent que leur solidarité discrète avec l’Algérie explique en partie la déconfiture diplomatique de la France avec les pays du Sahel et récemment le Sénégal, le Tchad et la Cote d’ivoire.

Certains pays africains se méfient des accointances du Maroc avec la France et Israël, son rôle de fournisseur de cannabis et de drogues sud-américaines qui finance le terrorisme au Sahel ainsi que les actions qu’il mène furtivement en faveur d’Israël, notamment d’avoir promu l’accès d’Israël en tant qu’État membre observateur dans l’Unité africaine.

Le retournement de la position de la France quant à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, alors que sa position antérieure était conforme aux droits à l’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions de l’ONU dont elle est membre permanent du Conseil de Sécurité.

Cette position a suscité le mécontentement de l’Algérie, dont la décolonisation des peuples est un principe intangible non seulement pour le Sahara occidental, mais avant pour avoir soutenu l’indépendance de l’Angola, du Mozambique et de l’Afrique du Sud, entre autres.

D’autres États subodorent que le Maroc, pour entériner l’annexion du Sahara occidental, soudoie des pays, menace de migration, fait du chantage à des personnalités piégées par des enregistrements vidéos compromettants lors de leur séjour au Maroc ou accorde des largesses économiques à d’autres pays. Cette attitude, que les Marocains qualifient de soft Power, n’est en réalité qu’une malsaine compromission.

L’exagération manifeste du Maroc dans la réécriture de sa propre histoire et sa détermination à diminuer celles de ses voisins 

Selon la trompeuse théorie marocaine sur la souveraineté du Sahara occidental et l’idéologie de l’irrédentisme, l’Algérie pourrait revendiquer l’annexion de la partie nord du Maroc historiquement liée à la Numidie algérienne, ou au moins jusqu’au fleuve Moulouya, qui a toujours servi de frontière naturelle. De son côté, la Tunisie carthaginoise revendiquera toute la côte du Maroc. L’alliance sénégalo-mauritanienne réclamera tous les territoires conquis par les Almoravides, la dynastie algérienne des Aldelmoumen, ceux conquis par les Almohades, et ainsi de suite.
Sachant que le Maroc, situé à l’extrême ouest du Maghreb, à moins qu’il ne soit émergé de la mer Atlantique de l’antique Atlantide, est l’émanation des peuples voisins de l’est et du sud du Maghreb. Ce n’est qu’à partir du 16e siècle que les brigands Wattassides, Saadiens et Alaouites l’ont occupé en exterminant les zaouïas, autorité religieuse de l’époque.
En matière de droit international, le peuple originaire du Sahara occidental doit se prononcer sur son autodétermination. Son représentant est le Polisario et l’organisme de l’ONU, la Minurso, est toujours là pour exercer cette mission. Le vote d’indépendance est sciemment retardé par le Maroc, l’ONU n’acceptant pas d’inclure les colons marocains de la marche verte de 1975 (350 000 colons marocains) dans le scrutin.
Par ailleurs, dans son avis du 13 décembre 1974la Cour Internationale de Justice à clairement précisé qu’il n’existe aucun lien de souveraineté territoriale du Maroc sur le territoire du Sahara occidental.
Depuis l’annexion du Sahara occidental, le Maroc s’est lancé dans une vente des ressources de ce pays, distribuant des sommes considérables en billets et menaçant de contrôler l’immigration pour obtenir des soutiens en leur proposant des intérêts alléchants. Cependant, la reconnaissance de ces pays ne changera rien, car seules les résolutions de l’ONU peuvent établir juridiquement l’appartenance ou l’affiliation du Sahara occidental au Maroc.
Pour l’antériorité historique du Maroc, les empires Almoravides, Almohades et même les Mérinides ne sont pas des Marocains, mais des conquérants du Maroc qui leur a servi de pont pour conquérir la péninsule ibérique et Malte également. Prétendre qu’ils sont des empires marocains est la pire des supercheries.
Le premier état marocain d’IDRISS 1er, claironné par les Marocains, est une hérésie, il n’occupait qu’une partie de l’Est marocain, trois autres royaumes occupés le Maroc en même temps ( les royaumes de Nekor, Sijilmassa et Tamesna) jusqu’en 1078, alors que la dynastie Idrissite a été destituée en 985.
Si l’on considère cela comme un État, le Royaume de Kairouan, en Tunisie, à partir de 690, serait le premier État maghrébin. L’Algérie aurait été le deuxième État, grâce au royaume Rostémides de Tahert, fondé en 761, soit longtemps avant l’avènement d’Idris 1er au Maroc, en 791.